AGN J2245+3743 : une éruption 30 fois plus lumineuse que tout observé
Des astronomes du Caltech publient dans Nature Astronomy l’observation d’un noyau de galaxie actif (AGN) exceptionnel. Identifié comme J2245+3743, cet objet a subi, il y a quelques années, une flambée d’une intensité sans précédent comparée aux autres éruptions de trous noirs observées jusqu’alors.
Découverte et suivi
Les premiers signaux sont apparus en 2018 grâce aux caméras du Zwicky Transient Facility (ZTF) installées au télescope Samuel Oschin de l’observatoire Palomar. Le ZTF surveille le ciel pour détecter des phénomènes transitoires dont la lumino.sité change rapidement. En quelques mois seulement, la lumino.sité de J2245+3743 a augmenté d’un facteur approximatif de 40, avant d’atteindre un pic record.
Des observations de confirmation ont été réalisées ensuite par différents instruments. Les chercheurs ont également estimé l’énergie libérée et la masse engagée, aboutissant à des conclusions inattendues sur la nature de l’événement.
Caractéristiques de l’éruption
- Distance estimée : environ 10 milliards d’années-lumière.
- Masse du trou noir : environ 500 millions de fois la masse du Soleil.
- Intensité de la flambée : au pic, J2245+3743 est devenu environ 30 fois plus lumineux que toute autre éruption de trou noir connue.
- Lumino.sité apparentée au pic : équivalente à environ 10 000 milliards de soleils.
Comme le souligne K. E. Saavik Ford (CUNY) dans le communiqué du Caltech, si l’on convertit l’intégralité de notre Soleil en énergie selon E = mc^2, cela donne une idée de l’énergie mise en jeu depuis le début des observations.
Origine probable : un TDE extrême
Les auteurs privilégient l’hypothèse d’un TDE (tidal disruption event) – un événement de rupture par effet de marée. Selon cette scénario, une étoile se serait approchée trop près du trou noir et aurait été déchirée puis partiellement ou totalement engloutie, provoquant l’éruption lumineuse observée.
Pour rendre compte de l’intensité mesurée, les chercheurs estiment qu’il faudrait qu’une étoile d’au moins ~30 masses solaires ait été impliquée, ce qui serait largement supérieur aux TDE les plus spectaculaires connus auparavant (3-10 masses solaires). Des étoiles aussi massives sont rares, mais elles peuvent exister et même gonfler au sein du disque d’accrétion d’un noyau galactique actif, où la matière disponible favorise leur croissance.
Perspectives
Les astronomes comptent maintenant examiner de façon systématique les données du ZTF pour tenter d’identifier d’autres événements d’une telle amplitude et mieux comprendre les conditions qui permettent l’apparition de TDE aussi puissants. Ce cas offre une opportunité unique d’étudier l’interaction entre trous noirs supermassifs et étoiles en environnement actif.




