Expansion de l’univers : des supernovae suggèrent une décélération déjà engagée

Depuis 1998, le consensus cosmologique était établi : l’expansion de l’univers s’accélère sous l’effet d’une composante inconnue, l’energie noire. Des travaux récents d’une équipe de l’université Yonsei, publiés mercredi dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, remettent en question cette certitude et indiquent que l’expansion pourrait déjà être en train de ralentir.

Contexte et méthode

Les auteurs se sont intéressés aux supernovae de type Ia, longtemps considérées comme des « chandelles standard » en raison de leur luminosité présumée uniforme. Young-Wook Lee et ses collègues montrent que la luminosité de ces explosions dépend fortement de l’age des etoiles progenitrices : les supernovae provenant de populations stellaires jeunes apparaissent plus faibles que celles issues d’etoiles anciennes, meme apres standardisation.

Sur un echantillon d’environ 300 galaxies hebergeant des supernovae, l’equipe reporte une signification statistique elevee, qu’elle evalue a 99.99%.

Commentaire et comparaison avec d’autres resultats

Cette revision intervient apres des indices deja devoiles au printemps 2024 par le projet DESI, qui suggereait un affaiblissement de l’energie noire. La difference clef des resultats de l’equipe coreenne est temporelle : alors que DESI envisageait une deceleration a venir tout en maintenant une acceleration presente, Lee et ses collaborateurs estiment que la deceleration est deja engagee aujourd’hui.

Implications et verification

Si ces conclusions se confirment, les consequences seraient importantes pour la dynamique a long terme de l’univers. Si la gravite reprend le dessus sur l’energie noire, l’expansion pourrait ralentir puis s’inverser, rendant a nouveau possible un scenario d’effondrement global type Big Crunch. Les auteurs soulignent toutefois que ces interpretations dependent de la robustesse du traitement systematique des supernovae et de la comprehension de leurs progeniteurs.

L’observatoire Vera C. Rubin, nouvellement en service au Chili, devrait permettre de trancher dans les prochaines annees en identifiant un grand nombre de nouvelles galaxies hebergeant des supernovae – l’equipe evoque plus de 20 000 detections possibles dans les cinq ans – et ainsi d’affiner ou d’infirmer ce resultat.

Points cles

• Une etude de l’universite Yonsei publiee dans MNRAS affirme que l’expansion cosmique montre deja des signes de deceleration.
• Le resultat repose sur une dependance de la luminosite des supernovae Ia a l’age des progeniteurs, detectee dans un echantillon d’environ 300 galaxies (signification rapporte: 99.99%).
• Ces conclusions prolongent, mais vont au-dela, d’indications precedentes du projet DESI; elles doivent etre confirmees par de nouvelles observations, notamment celles de l’observatoire Vera C. Rubin.
• Si la deceleration se confirmait, les consequences pour le destin de l’univers seraient majeures, mais plusieurs explications systematiques alternatives doivent encore etre ecartees.