Pékin suspend les restrictions d’exportation de gallium, germanium et antimoine vers les États-Unis jusqu’en 2026
Le ministère chinois du Commerce a annoncé le dimanche 9 novembre la suspension des restrictions imposées aux exportations de plusieurs matériaux stratégiques vers les États-Unis. La mesure, instaurée en décembre 2024, est effective immédiatement et doit courir jusqu’au 27 novembre 2026.
Un accord au sommet pour calmer le jeu
Cette levée de restrictions suit l’entretien entre le président chinois Xi Jinping et le président américain Donald Trump, le 30 octobre en Corée du Sud. Le sommet visait à stabiliser les relations bilatérales et avait donné lieu à des engagements réciproques, notamment sur la réduction de certains tarifs et la suspension de mesures punitives.
Matériaux concernés
La suspension vise des éléments classés comme « biens à double usage » – utiles tant dans des applications civiles que militaires. Les principaux métaux cités sont :
- le gallium;
- le germanium;
- l’antimoine.
Le communiqué indique également l’inclusion d’autres matériaux comme le tungstène et le graphite.
Contexte industriel et stratégique
Ces métaux jouent un rôle central dans les industries de pointe. Le gallium est indispensable aux semi-conducteurs avancés, aux LED et aux panneaux photovoltaïques; l’Union européenne estime que la Chine produit 94% du gallium mondial. Le germanium est crucial pour les fibres optiques et les capteurs infrarouges, avec environ 83% de la production mondiale contrôlée par la Chine. L’antimoine sert dans les batteries et a des usages dans l’armement, notamment pour le renforcement des blindages et des munitions.
Divergences dans la présentation de l’accord
Si Pékin a publié un communiqué succinct indiquant la suspension jusqu’au 27 novembre 2026, la Maison Blanche avait décrit un cadre plus large lors du sommet d’octobre. Washington évoquait des « licences générales » permettant un flux continu de ces minéraux vers les fabricants américains, et présentait ces engagements comme liés à d’autres garanties, telles que l’arrêt des exportations de précurseurs du fentanyl par la Chine et des achats importants de produits agricoles américains. Pékin n’a pas fait référence à ces contreparties dans son annonce.
Conséquences et incertitudes
Pour l’industrie technologique et de défense américaine, très dépendante de certains flux d’approvisionnement depuis la Chine, cette suspension constitue un soulagement temporaire. Elle s’inscrit dans une série de gestes mutuels, comme la prolongation de la suspension de surtaxes sur le soja et d’autres produits agricoles américains.
Cependant, des incertitudes subsistent quant à la durée réelle de la trêve et à son extension aux autres points de friction entre Pékin et Washington. L’Europe, déjà confrontée à des difficultés d’approvisionnement pour certains matériaux critiques, voit les deux superpuissances négocier des accords sans être directement associée aux discussions.
Reste à voir si cette désescalade se traduira par une normalisation durable des chaînes d’approvisionnement ou si elle restera une trêve limitée dans le temps.




